
Pour contrer la pénurie de main d’œuvre agricole, de nombreux producteurs songent à l’automatisation. Certaines entreprises développent des machines de plus en plus complexes dans ce domaine, machines qui permettent même la récolte sélective des fruits et légumes. C’est le cas de Sami Agtech, qui vise actuellement le marché du brocoli et de la laitue.
«On travaille vraiment la récolte sélective. Une récolte qui a besoin d’un humain pour voir et décider si le légume est prêt à être cueilli, s’il a des défauts. Une récolte qui se fait encore à la main», indique Pascal Labrecque, cofondateur et PDG de Sami Agtech.
L’entreprise en est toujours à la phase des tests. Elle prévoit achever son démonstrateur commercial en juin et inviter des producteurs en août, pour des démonstrations aux champs et le début des ventes de son produit.
«On fait des tests depuis un an aux États-Unis, en Arizona et en Californie, avec une unité de recherche qui possède quatre bras robotisés. Cette unité a aussi été testée pendant deux saisons au Québec. Et là on regarde avec des producteurs québécois qui seraient prêts à recevoir notre démonstrateur commercial à 12 bras pour des démonstrations dans leurs champs cet été », révèle M. Labrecque.
Il espère que sa machine intéressera les producteurs québécois, mais est bien conscient qu’elle ne sera pas à la portée de toutes les bourses.
«C’est une machine qui peut coûter plusieurs millions, en fonction des options choisies par le producteur. Et ici, on parle d’agriculture qui se fait pendant trois à quatre mois par année. Sans l’aide gouvernementale, ça va être plus difficile d’avoir accès au marché québécois au début», raisonne-t-il.
C’est pourquoi Sami Agtech regarde vers le sud de la frontière. «Aux États-Unis, ils récoltent 12 mois par année. Et on est dans des marchés qui ont des volumes extrêmement gros».
L’énorme marché qu’offre la récolte automatisée du brocoli et de la laitue est d’ailleurs une des raisons qui a poussé Sami Agtech à choisir ces légumes, mais pas la seule.
«Il n’y a pas encore beaucoup de compétition. Dans le brocoli, il y a une seule compagnie opérationnelle en ce moment. Dans la laitue, il y a beaucoup de récolte mécanique non sélective qui est faite, mais pas vraiment une récolte sélective robotisée comme nous le faisons», dit-il.
Les avantages du robot Sami
Comme la récolteuse que propose Sami Agtech peut ramasser tous les types de légumes, car il n’y a qu’à changer l’outil au bout du bras robotisé qui les cueille, les fondateurs de l’entreprise songent déjà à s’attaquer à d’autres marchés.
«On pense au marché du chou-fleur, de l’asperge, qui ont un besoin de récolte sélective, mais qui n’ont pas encore de machine pour les aider », anticipe Pascal Labrecque.
Avec ses 12 bras, la récolteuse que propose Sami Agtech peut remplacer jusqu’à 25 personnes, le nombre moyen d’une équipe aux États-Unis. Mais elle pourrait être adaptée à la façon de faire québécoise. «Au Québec, les équipes sont un peu plus grandes. On pourrait donc ajouter plus de bras à notre machine », souligne-t-il.
Le robot Sami ne fait pas que pallier le manque de main d’œuvre, il permet aussi une récolte plus hygiénique, fait valoir Pascal Labrecque.
«Les humains transportent naturellement des maladies, ce qui fait qu’il y a un risque de contamination des produits récoltés. Il y a des cueilleurs qui doivent porter des gants aux États-Unis, et des filets pour éviter la perte de cheveux. Mais les machines ne sont pas malades, n’ont pas de cheveux et sont nettoyées à l’eau chlorée tous les jours ».
La Zone Agtech et l’envol de Sami Agtech
Lors du démarrage de l’entreprise, l’équipe de la Zone Agtech «a été très présente et a beaucoup aidé», notamment grâce à la mise en contact avec des producteurs américains avec lesquels Sami Agtech a pu travailler.
Mais la Zone Agtech a aussi joué un rôle dans l’existence même de l’entreprise.
«J’ai cofondé Sami Agtech avec Éric Lapalme, qui est l’inventeur de notre produit. Je l’ai connu quand je travaillais pour l’incubateur le Centech, où je l’ai aidé. La Zone Agtech avait organisé une rencontre avec un investisseur de Calgary. J’ai présenté le produit avec Éric, l’investisseur nous a demandé si on était ensemble dans le projet, et on a alors décidé de démarrer la compagnie», raconte Pascal Labrecque.